Agrivoltaïsme en Vaucluse : comment concilier agriculture et énergie solaire pour un avenir durable

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Dans un contexte où la transition énergétique est une priorité nationale, l’agrivoltaïsme émerge comme une solution prometteuse pour les agriculteurs français, notamment dans le Vaucluse. Ce département, riche en soleil et en terres agricoles, ambitionne d’atteindre 1 714 MWc de puissance photovoltaïque installée d'ici à 2030, selon le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET). Mais comment intégrer des panneaux solaires sans compromettre la vocation agricole des terres ? Cet article explore les spécificités de l’agrivoltaïsme en Vaucluse, ses avantages, ses contraintes réglementaires et les bonnes pratiques pour les agriculteurs et développeurs de projets.

Pourquoi le Vaucluse est-il un terrain idéal pour l’agrivoltaïsme ?

L’agrivoltaïsme désigne l’association d’une production agricole et d’une production d’électricité photovoltaïque sur une même parcelle. Cela peut prendre la forme de serres photovoltaïques, d’ombrières au-dessus des cultures ou de dispositifs innovants comme des panneaux surélevés permettant le passage de machines agricoles. Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), l’agrivoltaïsme peut augmenter le rendement agricole de certaines cultures jusqu’à 20% grâce à l’ombrage, tout en générant des revenus complémentaires via la vente d’électricité.

Le Vaucluse, avec plus de 2 800 heures d’ensoleillement par an, offre un potentiel exceptionnel pour ce type de projets. Cependant, comme le souligne la note de cadrage de la Direction Départementale des Territoires (DDT) de Vaucluse (mars 2021), l’agrivoltaïsme doit avant tout répondre à une logique agricole. La production d’énergie ne doit pas primer sur l’activité culturale, qui reste le cœur du projet.

Quels sont les avantages de l’agrivoltaïsme
pour les agriculteurs en Vaucluse ?

Les agriculteurs localisés dans le Vaucluse peuvent tirer les bénéfices suivants en accueillant un projet agrivoltaïque sur leur parcelle :

• des revenus complémentaires : la vente d’électricité ou la location des terres à des opérateurs photovoltaïques peut représenter une source de revenus stable. En 2023, le tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque pour les installations de moins de 500 kWc oscille entre 0,10 et 0,15 €/kWh

• la protection des cultures : les panneaux solaires protègent les cultures des aléas climatiques (grêle, gel, canicule). Par exemple, des études menées en Provence-Alpes-Côte d’Azur montrent une réduction de 30% des pertes liées à la sécheresse pour les cultures sous ombrières

• la valorisation des terres agricoles : contrairement aux centrales solaires classiques, l’agrivoltaïsme maintient l’usage agricole des sols, évitant leur artificialisation. Cela répond aux objectifs de la loi Climat et Résilience de 2021, qui vise à limiter la consommation d’espaces naturels.

• la participation à la transition énergétique : en contribuant à la production d’énergie renouvelable, les agriculteurs contribuent aux objectifs nationaux, qui prévoient 33% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’ici 2028.

Quelles sont les réglementations et bonnes pratiques en matière d'agrivoltaïsme dans le Vaucluse ?

La DDT de Vaucluse impose des conditions strictes pour garantir un développement harmonieux de l’agrivoltaïsme. Voici les points clés à retenir :

• la primauté de l’agriculture : Tout projet doit démontrer une activité agricole significative. Les serres ou ombrières doivent être conçues pour répondre aux besoins des cultures (hauteur, partage lumineux, gestion climatique). La DDT recommande de s’appuyer sur des organismes experts, comme la Chambre d’Agriculture, pour valider la cohérence agronomique

• la compatibilité avec les documents d’urbanisme : les projets doivent respecter les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) et Plans Locaux d’Urbanisme (PLU). Les installations en zone agricole (zone A) sont possibles si elles sont explicitement prévues par ces documents

• la prise en compte des risques naturels : les projets sont interdits en zones à fort risque d’inondation ou d’incendie (aléa fort à très fort). En zone à aléa moyen, une analyse au cas par cas est requise, avec validation par le Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) et la DDT

• les enjeux environnementaux : les sites à forts enjeux écologiques (Natura 2000, zones humides, ZNIEFF 1) sont à éviter. Une étude d’impact est obligatoire pour les installations de plus de 1 MWc, conformément à la directive européenne 85/337/CE

• l'insertion paysagère : les projets doivent minimiser leur impact visuel, notamment en évitant les covisibilités avec des sites classés ou inscrits. Une étude paysagère détaillée est exigée, intégrant des mesures comme la végétation d’accompagnement ou des clôtures discrètes.

Pour accompagner les porteurs de projets, la DDT a mis en place un guichet unique photovoltaïque, joignable au 04 88 17 82 75 ou par e-mail (ddt-guichet-photovoltaique-84@vaucluse.gouv.fr). Ce service offre une expertise sur les démarches administratives et les enjeux locaux.

Comment réussir son projet agrivoltaïque dans le Vaucluse ?

La réussite d'un projet agrivoltaïque dans le Vaucluse repose sur 5 piliers principaux, à savoir :

• l'élaboration un projet agricole robuste : définissez clairement les cultures envisagées, leur rentabilité et leur compatibilité avec les panneaux. Par exemple, les cultures maraîchères ou les vignes s’adaptent bien à l’ombrage partiel

• la collaboration avec des experts : faites appel à des bureaux d’études spécialisés et à des organismes comme l’INRAE pour optimiser le design des installations (densité des panneaux, hauteur des structures)

• l'anticipation des démarches administratives : préparez une étude d’impact environnemental et paysager dès la phase de conception. Consultez le guichet unique pour éviter des études inutiles

• l’innovation est à privilégier : les projets expérimentaux, comme les panneaux dynamiques qui s’ajustent à la lumière, sont encouragés. Ils doivent toutefois inclure un suivi technico-économique réalisé par un organisme public

• l'engagement les parties prenantes : associez les collectivités, les riverains et les associations agricoles pour garantir l’acceptabilité du projet.

En conclusion...

L’agrivoltaïsme représente une opportunité unique pour les agriculteurs du Vaucluse de diversifier leurs revenus tout en participant à la transition énergétique. Avec un cadre réglementaire clair et un accompagnement via le guichet unique, les projets bien conçus peuvent concilier productivité agricole et production d’énergie renouvelable. En misant sur des installations respectueuses de l’environnement et du paysage, les agriculteurs et développeurs peuvent faire du Vaucluse un modèle d’innovation durable.

Source :
Note de cadrage pour un développement maîtrisé de l'énergie photovoltaïque en Vaucluse - Mars 2021 :
https://www.vaucluse.gouv.fr/contenu/telechargement/19823/153676/file/note_cadrage_pv_84.pdf

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