Agrivoltaïsme : une révolution verte pour l’agriculture française – avantages et limites

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L’agrivoltaïsme, ou la combinaison de l’agriculture et de la production d’énergie solaire sur une même parcelle, gagne en popularité en France. Encadré par la loi APER de 2023 et le décret d’avril 2024, ce modèle innovant promet de répondre aux défis climatiques et économiques des agriculteurs tout en soutenant la transition énergétique. Mais quels sont ses atouts et ses limites pour les agriculteurs français et les développeurs de projets agrivoltaïques ? Nous faisons le décryptage pour vous.

Les avantages de l’agrivoltaïsme

1. Un revenu complémentaire stable pour les agriculteurs

L’agrivoltaïsme offre une source de revenus supplémentaire via des loyers versés par les énergéticiens. Un agriculteur peut percevoir jusqu’à 5 000 € (voire plus) par hectare et par an sur des contrats de 30 à 40 ans. En plus, il n'y a pas de frais initiaux, car les coûts d’installation et de maintenance sont pris en charge par l’exploitant. Ce revenu stable compense les aléas des marchés agricoles et sécurise les exploitations face aux crises économiques.

2. La protection des cultures contre les aléas climatiques

Les panneaux solaires créent des microclimats bénéfiques pour les cultures et le bétail. Ils réduisent l’évapotranspiration de 20 à 30%, limitant le stress hydrique, et protègent contre la grêle, les canicules ou les vents violents. En viticulture, par exemple, des projets pilotes montrent une économie d’eau de 25% et moins de dégâts liés au gel. Pour l’élevage, les panneaux offrent des zones d’ombre, améliorant le bien-être animal.

3. Une contribution à la transition énergétique

Une centrale agrivoltaïque de 10 MW évite l’émission de 5 000 tonnes de CO₂ par an, soutenant les objectifs français de neutralité carbone. Les agriculteurs peuvent aussi pratiquer l’autoconsommation, réduisant leurs factures énergétiques, ou revendre l’électricité via des contrats d’obligation d’achat, garantissant un tarif fixe sur 20 ans.

4. La valorisation des terres et un regain du dynamisme local

L’agrivoltaïsme optimise l’usage des terres, permettant de maintenir l’activité agricole tout en produisant de l’énergie verte. Il crée des emplois locaux (techniciens, bureaux d’études) et revitalise les territoires ruraux. Des subventions et aides publiques, comme celles prévues par la loi ENR 2023, rendent les projets plus accessibles.

Les inconvénients à considérer

1. Des coûts initiaux élevés

Malgré l’absence de frais pour les agriculteurs, le coût global d’une centrale photovoltaïque (environ 1 million € par MWc) peut freiner les développeurs. Les frais d’exploitation, de maintenance et de démantèlement restent à la charge de l’exploitant, nécessitant une planification financière rigoureuse.

2. Les complexités techniques et réglementaires

La mise en place d’un projet agrivoltaïque exige une expertise technique pour adapter les panneaux aux cultures ou à l’élevage. Le décret de 2024 impose des contraintes strictes : la surface couverte par les panneaux ne doit pas excéder 40% pour les cultures et 60% pour l’élevage. De plus, le rendement agricole doit diminuer de 10% maximum. Les contrôles réguliers par la CDPENAF ajoutent aussi une charge administrative supplémentaire.

3. Un risque de spéculation foncière

Le loyer attractif (jusqu’à 10 fois supérieur au fermage classique) peut inciter à une hausse des prix des terres agricoles, compliquant l’installation des jeunes agriculteurs. La Confédération paysanne alerte sur le risque que certains projets privilégient la production énergétique au détriment de l’agriculture.

4. Un impact paysager et des résistances locales

Les panneaux solaires peuvent altérer le paysage rural, suscitant des oppositions de riverains ou d’élus locaux. Une intégration harmonieuse, via des ombrières dynamiques ou des études d’impact environnemental, est essentielle pour limiter ces tensions.

En conclusion : l'agrivoltaïsme est une opportunité à saisir avec vigilance

Pour les agriculteurs français, l’agrivoltaïsme représente une solution prometteuse pour diversifier leurs revenus, protéger leurs exploitations et participer à la transition énergétique. Pour les développeurs, c’est une opportunité d’investir dans des projets durables, soutenus par un cadre réglementaire clair. Toutefois, une planification rigoureuse, un dialogue avec les parties prenantes et un respect strict des normes sont cruciaux pour garantir une cohabitation harmonieuse entre agriculture et énergie solaire. En 2025, avec environ 200 projets en cours en France, l’agrivoltaïsme s’impose comme une voie d’avenir, à condition de préserver la vocation première des terres agricoles.

Sources :
https://www.fermesolaire.fr/magazine/comprendre-lagri-pv-avantages-et-inconvenients
https://www.ecologie.gouv.fr/energie-solaire
https://www.confederationpaysanne.fr/
https://www.ademe.fr/expertises/energies-renouvelables/agrivoltaisme

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