Développement de l’agrivoltaïsme dans la Nièvre : un levier stratégique pour l’agriculture et l’énergie
Découvrez comment l’agrivoltaïsme se développe dans la Nièvre, un département clé pour la transition énergétique et agricole en France. Objectifs, chiffres clés, cadre réglementaire et exemples concrets : un décryptage complet pour les agriculteurs et développeurs de projets.
RÉGLEMENTATION DU SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE
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L’agrivoltaïsme s’impose comme une solution d’avenir pour conjuguer souveraineté alimentaire et transition énergétique. En France, ce modèle connaît une croissance rapide, soutenue par des objectifs nationaux ambitieux et un cadre réglementaire en évolution.
Dans la Nièvre, département à fort potentiel agricole, l’agrivoltaïsme suscite un intérêt croissant. Avec un objectif de 2 000 MWc installés, une méthodologie rigoureuse et des projets structurants, ce territoire pourrait devenir une référence en matière d’intégration harmonieuse des énergies renouvelables au sein des exploitations. Quels sont les enjeux, les opportunités et les défis spécifiques à l’agrivoltaïsme dans la Nièvre ? Cet article apporte un éclairage détaillé et chiffré sur un secteur en pleine mutation.
1. L'historique et le cadre méthodologique de l’agrivoltaïsme dans la Nièvre
Avant 2020, les projets photovoltaïques au sol étaient peu encadrés dans la Nièvre. La crise du COVID-19 a marqué un tournant, amenant les élus locaux à structurer le développement de l’agrivoltaïsme. Une délibération en février 2021 a défini un cadre strict basé sur quatre piliers :
Des projets agrivoltaïques cohérents
Limitation des parcs photovoltaïques à 70 hectares maximum.
Surface de parc photovoltaïque limitée à 50 % de la Surface Agricole Utile (SAU) de l’exploitation.
Une rémunération fixe de 1 000 €/ha/an pour l’exploitant agricole.
Un projet agricole démontrant une réelle synergie entre l’activité agricole et la production photovoltaïque.
Un projet structurant pour le territoire
Création du Groupement d’Utilisation de Financements Agricoles (GUFA), un fonds destiné à financer des projets structurants locaux comme des abattoirs, des magasins de producteurs ou des infrastructures de stockage.
Contribution obligatoire des développeurs photovoltaïques à hauteur de 1 500 €/MWc/an pour financer ces projets collectifs.
50 % de la taxe IFER reversée aux collectivités locales est dédiée au financement du GUFA.
Une acceptation sociale forte
Consultation obligatoire du Conseil Municipal avant validation du projet.
Prise en compte des enjeux environnementaux et paysagers en partenariat avec les acteurs locaux.
Une méthode de travail transparente et rigoureuse
Études de faisabilité technico-économiques systématiques.
Validation du projet en Commission d’Expertise Agrivoltaïque avec des représentants de la Chambre d’Agriculture, des élus locaux et des développeurs.
Suivi obligatoire et financé par le développeur tout au long de la durée d’exploitation.
2. Des exemples de projets et points de vigilance pour les projets agrivoltaïques dans la Nièvre


Les types de structures agrivoltaïques déployées dans la Nièvre
Dans la Nièvre, plusieurs types d’installations agrivoltaïques sont mises en place en fonction des besoins agricoles et énergétiques. Les structures fixes au sol, orientées plein sud, sont les plus courantes. Elles conviennent particulièrement aux cultures fourragères et aux prairies destinées à l’élevage.
Par ailleurs, certaines exploitations optent pour des structures sur trackers, des systèmes mobiles qui suivent la course du soleil au fil de la journée. Ces dispositifs permettent d’optimiser la production d’électricité tout en offrant un ombrage ajustable aux cultures et aux animaux. Les panneaux peuvent être inclinés pour faciliter l’accès aux engins agricoles, garantissant ainsi la continuité des activités agricoles.
L’impact de l’agrivoltaïsme sur les différentes productions agricoles
L’agrivoltaïsme dans la Nièvre concerne une diversité de productions agricoles, chacune avec des spécificités et des contraintes techniques particulières.
Dans le domaine de l’élevage ovin, la hauteur des structures doit être adaptée pour permettre le passage des animaux et éviter les risques d’accident. Un projet pilote a ainsi été lancé à Decize, sous le nom de "Four à Chaux", où une sélection génétique spécifique d’ovins a été mise en place pour s’adapter à ces nouveaux environnements.
Concernant l’élevage bovin, les panneaux solaires doivent être installés à une hauteur comprise entre 1,80 et 2,20 mètres afin de garantir un espace suffisant pour les races élevées dans la région, telles que l’Angus ou la Lowline.
Pour les cultures, l’implantation des panneaux nécessite un espacement de 8 à 12 mètres afin de limiter les risques de salissement des plantations et d’assurer un ensoleillement suffisant. Toutefois, la présence de bandes enherbées sous les structures photovoltaïques peut engendrer des problématiques de maintenance et accroître le risque d’incendie en période de sécheresse.
Certaines exploitations expérimentent également l’agrivoltaïsme sur des cultures spécialisées comme la trufficulture, la production de framboises et le maraîchage. Dans ces secteurs, l’ombrage partiel généré par les panneaux solaires peut avoir un effet bénéfique sur la régulation thermique et hydrique, améliorant ainsi le rendement et la qualité des récoltes.
L’élevage de volailles et de porcs en plein air présente quant à lui des défis supplémentaires. Les labels de qualité et de bien-être animal imposent des normes strictes qui compliquent l’intégration des panneaux photovoltaïques. Des études sont en cours pour adapter les dispositifs à ces exigences sans compromettre la certification des élevages.
Un exemple de projet ambitieux pour la Nièvre
Un projet majeur d’agrivoltaïsme est actuellement en cours de développement dans la Nièvre. Il prévoit l’installation de parcs agrivoltaïques sur une surface totale de 500 hectares d'ici à 2026. Avec une puissance estimée à 250 MWc, cette initiative vise à produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 50 000 foyers tout en maintenant une activité agricole viable.
L’évaluation de ce projet repose sur trois critères principaux. Le premier concerne la rentabilité pour l’exploitant agricole, en intégrant non seulement les revenus générés par la vente d’électricité, mais aussi les économies réalisées sur l’irrigation grâce à l’ombrage des panneaux solaires. Le deuxième critère porte sur le maintien des rendements agricoles, avec une surveillance rigoureuse des impacts sur la croissance et la qualité des cultures. Enfin, l’intégration paysagère et environnementale est un facteur clé, afin d’assurer une acceptabilité sociale et une conformité avec les réglementations en vigueur.


3. Les enjeux et perspectives pour le développement de l’agrivoltaïsme dans la Nièvre
L’agrivoltaïsme représente une opportunité de sécurisation des exploitations agricoles face aux aléas climatiques. Grâce à l’ombrage partiel des panneaux solaires, certaines cultures souffrent moins du stress hydrique, ce qui permet d’optimiser l’utilisation des ressources en eau. De plus, cette technologie protège les cultures contre les intempéries extrêmes, notamment la grêle et le gel, réduisant ainsi les pertes de production.
D’un point de vue économique, l’agrivoltaïsme contribue à la valorisation des exploitations en leur offrant une source de revenus complémentaire. Les agriculteurs peuvent percevoir jusqu’à 5 000 €/ha/an en fonction des contrats établis avec les développeurs. Cette rentabilité accrue rend les exploitations plus attractives pour les jeunes agriculteurs, facilitant ainsi la transmission des exploitations et le renouvellement des générations dans le secteur.
Sur le plan énergétique, la Nièvre dispose d’un potentiel solaire encore largement sous-exploité. Si les projets agrivoltaïques atteignaient leurs objectifs, le département pourrait couvrir jusqu’à 10 % des besoins en énergie renouvelable de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Toutefois, certains défis doivent être relevés pour assurer un développement harmonieux de l’agrivoltaïsme. Il est essentiel d’éviter les projets dits "alibi", où l’activité agricole est marginale et sert uniquement de prétexte à l’installation de panneaux photovoltaïques. De plus, des conflits d’usage peuvent émerger entre agriculteurs, collectivités et riverains, nécessitant un dialogue constant entre les différentes parties prenantes.
Enfin, l’encadrement réglementaire continue d’évoluer. Le décret n° 2024-318 du 8 avril 2024 relatif au développement de l'agrivoltaïsme et aux conditions d'implantation des installations photovoltaïques sur des terrains agricoles, naturels ou forestiers impose désormais des conditions de réversibilité aux installations agrivoltaïques, ainsi que des garanties financières pour assurer leur démantèlement en fin de vie.
En conclusion...
L’agrivoltaïsme dans la Nièvre représente une opportunité majeure pour les agriculteurs et les développeurs d’énergie renouvelable. Avec un cadre méthodologique rigoureux, une gouvernance territoriale forte et des projets cohérents, la Nièvre pourrait devenir un département pilote en matière d’agrivoltaïsme.
Toutefois, une vigilance accrue est nécessaire pour garantir un équilibre entre production agricole, production énergétique et acceptabilité sociale. Le dialogue entre agriculteurs, collectivités et développeurs sera la clé du succès de cette transition.